Il était une fois, Lola qui avait souvent l’impression qu’on abusait de sa gentillesse. Elle plaçait les besoins des autres avant les siens. Comme elle avait peur des réactions des autres, elle faisait tout pour éviter les conflits. Face à des situations difficiles, elle pouvait avoir l’impression que les autres ne la respectaient pas et ne la comprenaient pas. Elle avait souvent un sentiment de culpabilité lorsqu’elle pensait avoir heurté quelqu’un car elle se sentait responsable.
Est-ce que cette petite histoire vous est familière ?
Si vous vous reconnaissez dans cette petite description, c’est parce que, tout comme Lola, vous êtes surement une personne très empathique et dévouée. Vous aimez faire plaisir et prendre soin des autres. Pourtant parfois, vous aimeriez ne pas être autant disponible. Vous aimeriez avoir le courage de refuser certaines demandes, la force de poser vos limites, et de "parler vrai". Mais vous avez beau savoir que votre façon de faire n’est pas la meilleure, vous ne savez pas comment faire autrement. C’est donc malgré vous, que vous continuez à vivre des scénarios répétitifs, devenus au fil du temps beaucoup trop familiers. Essayons de comprendre ce qu’il se passe…
Qu’est-ce qui vous pousse à être trop gentil ?
En général, on donne en excès ce dont on a cruellement besoin. Et quand c’est le cas, la peur n’est jamais très loin…
Si vous avez très peur de perdre une relation, de vous retrouver seul, ou d'être critiqué, en toute bonne logique, vous allez mettre en place une stratégie pour éviter cela. Par projection, vous allez agir à l'encontre de vos besoins pour satisfaire les besoins d'autrui. Vous finissez par faire ce que vous pensez devoir faire. Au fil du temps, vous développez des automatismes comme le fait de dire "oui" à toutes les demandes sans y réfléchir.
La gentillesse en excès, ou l'absence de limites, révèle donc un moyen d’éviter une souffrance, une déception.
Celle de l’autre, pensez-vous ? Mais est-ce vraiment le cas ? Que redoutez-vous qu’il arrive si vous refusez une demande ? Derrière votre peur, se cache un grand besoin : celui d’être aimé et accepté. Dire « non » c’est prendre un risque car vous ne savez pas comment l'autre peut réagir. En essayant d'éviter de décevoir ou de blesser l’autre, vous ne vous écoutez pas. Le problème ne réside pas dans la volonté de faire plaisir mais dans le fait que cela se fasse au détriment de votre propre bien-être. Vous vous considérez moins important que l'autre.
En conséquence, vous avez des difficultés à dire ce que vous pensez vraiment.
Les raisons qui vous poussent à agir ainsi sont liées à un manque d'estime de vous-même et à des croyances bloquantes que vous entretenez depuis longtemps. Vous ne vous sentez probablement pas digne d’être aimé tel que vous êtes, avec vos limites et vos faiblesses. Vous vous dévalorisez et vous ne vous autorisez pas à être vrai car vous n’avez pas une vision positive de vous-même. Vous pensez qu’en vous exprimant véritablement sans faux-semblant, le regard des autres changerait et engendrerait une réaction négative, un rejet ou un abandon. Mais cette attitude reflète un mécanisme de défense face à situation, reconnue dans votre inconscient comme une menace.
Votre gentillesse est donc une parade inconsciente qui vous pousse à renier vos propres émotions et besoins.
Comment apprendre à poser ses limites ?
Poser ses limites, serait-ce une simple question de choix ? Simple, peut-être pas. Mais heureusement, chaque situation qui se présente à vous, vous offre un choix. Il est possible d'agir autrement en démarrant un processus de réconciliation avec vous-même.
Une étape importante consiste à vous ré-aligner avec vous-même. Avant de dire "oui" ou d'agir, assurez-vous de prendre votre temps, afin de vous assurer que votre réponse corresponde bien à ce que vous voulez faire. Vous pouvez vous demander comment vous vous sentez. Si vous ressentez la moindre gêne, plutôt que de la renier, accueillez-la. Maintenir le curseur sur vous est votre nouveau challenge. Vous devez apprendre à vous accepter, autrement dit à valider vos propres ressentis et émotions. Il est question de vous accorder toute l'empathie que vous aimez tant accordez aux autres.
C’est en reconnaissant vos propres émotions, en les accueillant et en prenant du recul que vous parviendrez à poser vos limites sans vous sentir coupable.
Vous devez également accepter de lâcher prise sur votre besoin de contrôler les situations et les personnes. La réaction émotionnelle d’un être humain est liée à sa personnalité, son histoire, sa sensibilité, son niveau d'intelligence émotionnelle...
Vous avez peut-être l'habitude d'imaginer les pires scénarios mais en prenant du recul, vous pouvez plus facilement vous poser les bonnes questions. Etes-vous prêt à oser être aimé pour qui vous êtes ? Etes-vous prêt à ce que votre interlocuteur comprenne et respecte vos besoins et vos limites ?
Vous l'aurez compris, il vous appartient de prendre les décisions qui vous font du bien sans vous préoccuper des réactions "imaginées et redoutées" des autres. Cela s’appelle l’ancrage en soi. Vous devez vous ancrer en vous-même en reconnaissant la légitimité de vos ressentis et de vos émotions. Elles vous appartiennent et sont présentes pour une raison précise. Elles vous renseignent sur ce que vous désirez à un moment. Dites-leur donc merci !
Imaginez qu’on vous supprime le goût. Plus de saveurs, plus de plaisirs, vous ne sentez plus rien…
Sans émotions, vous n’auriez aucun indicateur pour baliser ce qui vous tient à cœur. Ce serait dommage. Alors pourquoi vouloir éteindre vos émotions? Ecoutez plutôt ce qu'elles ont à vous dire.
4 étapes pour poser vos limites de façon "SAFE".
1. Soyez vrai :
o Etre vrai, c'est d'abord être au clair avec soi-même. Vous ne pouvez pas exiger des autres ce que vous ne faites pas vous-même. Acceptez-vous les refus des autres ou bien prenez-vous les choses trop à coeur ? Apportez plus d’authenticité à vos relations en osant partager votre palette de couleurs d'émotions. Le risque que vous courrez, s'il existe vraiment, est de vous sentir plus en accord avec vous-même. Apprenez à observer la réaction des autres et voyez comment ils se positionnent lorsque vous êtes honnête. Offrez-leur la liberté de réagir comme bon leur semble. Se croire responsable des réactions des autres est un poids. Débarrassez-vous de ce fardeau pour vous sentir plus léger. De votre côté, vous êtes libre d'expliquer avec bienveillance vos choix, vos besoins. Il y a plus de 7 milliards d’êtres humains sur la terre, ce qui équivaut à autant de visions différentes du monde (donc de réactions possibles). Préoccupez-vous donc de vous-même, c’est déjà suffisant. D’ailleurs si vous ne le faites pas, qui le fera à votre place ?
2. Arrêtez de vous remettre en cause :
Au lieu de réfléchir à la véracité de votre ressenti, accueillez-le. Ce que vous ressentez est une information précieuse sur qui vous êtes, ce qui compte pour vous, vos valeurs et vos désirs. Lorsque les pensées se bousculent dans votre tête, prenez de grandes respirations et demandez-vous :
- Qu'est-ce que je ressens ?
- Qu’est-ce qui me gêne dans la situation actuelle ?
- Qu'est-ce qu'il me manque à cet instant précis ?
- De quoi ai-je besoin ?
- Puis-je obtenir seul ce dont j'ai besoin? Et comment ?
Il est utile d’apprendre à placer le curseur sur "vous" en toutes circonstances.
3. Formulez vos demandes clairement :
Après vous être posé les bonnes questions, vous allez identifier votre besoin du moment et apprendre à dire les choses telles que vous le pensez vraiment. Par exemple, vous pouvez avoir besoin de vous reposer, de travailler sur un projet, de mieux vous organiser, de consacrer plus de temps à vos enfants, à votre couple, de prendre soin de vous, d'être respecté, d'être mieux entouré, d'être au calme pour une période, etc. Entrainez-vous à dire des phrases qui commencent par "non, car j'ai besoin de ....". Si vous souhaitez reporter la demande alors vous pouvez ajouter : "cela dit, je suis tout à fait ok pour le faire à un autre moment..." Votre demande sera concise, directe et claire. Il s'agira pour vous d'apprendre à exprimer votre besoin sans agressivité, tout en restant ferme. C'est ainsi que vous baliserez vos limites. Si vous êtes agressif, les autres penseront que vous leur faites un reproche ou une critique. Mais si au contraire, vous manquez de fermeté, vous ne serez peut-être pas pris au sérieux. Avec de la pratique, vous trouverez le ton juste en fonction de votre interlocuteur.
4. Évincez vos projections négatives et vos ruminations :
Ayez conscience que votre perception des situations est subjective. Vos observations sont souvent empreintes de jugements, et vos analyses résonnent souvent avec votre vécu, et vos peurs inconscientes. Apprenez donc à prendre du recul sur votre propre interprétation des situations en revenant à votre corps. L'esprit divague mais le corps est toujours ancré au présent. Revenir au corps, c'est quitter vos pensées pour revenir au calme. Quoiqu'il vous arrive, votre coeur continue de battre, et vos organes continuent d'assurer leurs fonctions en harmonie. Tout cela se fait à chaque instant sans que vous y prêtiez attention. Soyez donc à l'écoute de votre respiration, et des sensations de votre corps. Faites-le le temps nécessaire. Cette simple action a l'avantage de ralentir votre agitation mentale, facilitant une prise de recul. C'est comme si vous étiez embourbé dans un tourbillon de pensées négatives et que vous reveniez à vous-même, détendu.
Il n’y a pas de secret. Pour changer vos habitudes et vos automatismes, il va vous falloir de la pratique. Vous avez pris l’habitude de vous laisser envahir par autrui. La meilleure manière de rompre ce cycle infernal est de vous entraîner, à froid, en repensant à des situations où vous auriez pu agir autrement. S'entrainer à la méthode S-A-F-E, c'est un peu comme se préparer avant de monter sur le ring pour être fin prêt le jour J.
Vous accepter comme un être imparfait, vous libérer du besoin de plaire, et vous affirmer dans des situations qui le nécessitent, n'éloigneront pas de vous l'amour sincère de vos proches, mais vous libèreront des relations inauthentiques et toxiques que vous avez pu entretenir avec le temps.
Finalement, savoir poser vos limites, c’est avant tout vous connaître et vous reconnaître légitime comme personne de valeur.
Jessie, Coach Paris
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